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>>L’ours dans les Pyrénées centrales

20 juin 2008
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Dans le système montagnard Pyrénéen, le pastoralisme doit faire avec la présence de l’ours. Cette situation est intéressante pour comprendre dans un milieu donné, les relations entre différents acteurs, différentes activités économiques, et différentes logiques de gestion des territoires.

Le pastoralisme pyrénéen n’est pas en voie de disparition. Le dernier recensement général agricole faisait état sur l’ensemble de la chaîne de 6000 exploitations pastorales en 2000. Il s’agit d’exploitations utilisant des pacages collectifs, avec peu d’animaux par hectare et la moitié de leur surface agricole utile toujours en herbe. La baisse observée par rapport à 1988, moins 11%, témoigne peut-être, cependant, des difficultés que connaît cette activité. En effet, l’élevage ovin d’une manière générale, traverse une crise. Dans le domaine de la production de viande par exemple, la baisse des prix de vente n’est pas compensée par les primes (Prime Compensatrice Ovine, Prime au Monde Rural, Indemnité Compensatrice à Handicaps Naturels, Primes Herbagères Agro-Environnementales). Les revenus des éleveurs sont en général plus faibles que ceux des autres agriculteurs. Dans ce contexte, la tendance est donc à la concentration. Le nombre d’ exploitations, de chefs d’exploitation et de bergers diminue tandis que la taille moyenne des troupeaux augmente.

Dans le domaine de la gestion de l’environnement, le pastoralisme est par ailleurs utile, ses vertus sont reconnues. Les élevages permettent de lutter contre la fermeture des milieux. Les pentes sont débroussaillées. La pelouse d’altitude nécessaire à la prévention des avalanches est maintenue. Les espèces animales et végétales vivant en milieux ouverts sont conservées. Cependant, là où les troupeaux paissent de façon intensive et répétée, on a observé des phénomènes de surpâturage et d’accélération de l’érosion.

En ce qui concerne le milieu montagnard justement, la disparition en 1980 des ours bruns d’origine pyrénéenne dans la partie centrale de la chaîne pose un autre problème majeur. Ils ne resterait plus que deux représentants mâles de ce lignage dans les Pyrénées occidentales. Cette espèce présente au néolithique sur l’ensemble du territoire que couvre aujourd’hui la France a donc quasiment disparu. A la fin des années 80, un projet a donc été lancé afin d’introduire dans les Pyrénées centrales des ours de la même espèce mais d’origine slovène. Les premiers lâchers eurent donc lieu en 1996 et en 1997 sur la commune de Melles en Haute-Garonne. En 2005, un nouveau renforcement de la population ursjne a été décidé par le Ministère de l’environnement. En 2006, 5 ours de Slovénie ont donc été relâchés. La question de la cohabitation entre pastoralisme et présence de l’ours reste donc ouverte. Le plantigrade est semble-t-il responsable de l’attaque de plusieurs troupeaux. Des bêtes ont été tuées ( 200 à 300 sur un cheptel de près de 600 000 têtes sur le versant français de la chaîne),certaines ont été blessées, d’autres ont disparu. Ces attaques ont, par ailleurs, des répercutions tardives sur les élevages lorsque des éléments reproducteurs sont perdus. Le renouvellement du troupeau devient plus problématique. Le manque à gagner pour les éleveurs est évident. La présence menaçante de l’ours et la surveillance permanente qu’elle rend nécessaire représente une charge supplémentaire pour un métier déjà très contraignant. Face à ces difficultés supplémentaires, les éleveurs sont cependant soutenus. Il existe des indemnités pour les bêtes perdues, le manque à gagner et le dérangement causés par les attaques. Il existe également des aides pour le développement de certaines pratiques : le gardiennage et le regroupement nocturne des troupeaux, l’utilisation de chiens Patou, le parcage des troupeaux dans les moments de vulnérabilité. Par ailleurs, la présence de l’ours permet de valoriser certaines productions. Des fromages de brebis sont désormais vendus siglés de l’empreinte de l’ours. De la viande d’agneaux porte la mention « broutard du pays de l’ours ».

Les interactions sont donc nombreuses dans le système montagnard pyrénéen. Il est possible de les comprendre en complétant les organigrammes suivants :

Les expressions suivantes peuvent aider : diversification, surpâturage, entretien, dégradation, attaques, sensibilisation, valorisation, adaptation, attraction, menace, intensification, pollution, modification.

Avant la réintroduction de l’ours :

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Après la réintroduction de l’ours :

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Auteur : Nérée Manuel

Article tiré du site : http://ubiwiki.free.fr
Rubrique:  Dynamiques des paysages et des espaces agricoles dans la région Midi-Pyrénées