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"La liberté guidant le peuple" est une peinture romantique et engagée composée à l’huile sur toile. Elle mesure 2,60 mètres sur 3,25 et est actuellement exposée au Louvre.
Eugène Delacroix est né en 1798.Peintre français, coloriste et novateur réfléchi, il fut le chef de file de l’école romantique. Il fait une scolarité brillante au lycée Impérial de Paris où il fait preuve d’un grand talent de dessinateur. En 1815 il rencontre Guérin, un célèbre peintre académique. Il copie alors les grands maîtres du Louvre (Rubens, Vélasquez, Véronèse...).Son premier grand tableau, la Barque de Dante reçoit un accueil mitigé : certains en sont émerveillés, d’autres parlent d’une "vraie tartouillade". On y reconnaît la marque de Géricault (le radeau de la Méduse) Delacroix ne sera jamais en accord avec les principes académiques de la peinture, il ne s’intéresse guère aux styles grecs et romains ni a l’imitation des statues antiques. Delacroix privilégie la couleur au dessin, l’imagination au savoir, la spontanéité a la maîtrise. Il fait des recherches sur les effets physiques et psychologiques des couleurs et rencontre Stendhal, Sand, Hugo (a qui il inspire Gavroche), Dumas, Baudelaire qui le font définitivement plonger dans le romantisme... En 1832 il part pour l’Algérie, le Maroc, le Moyen -Orient. Ce voyage est pour lui une véritable révélation, il tombe amoureux des lumières et des couleurs nord-africaines qui influenceront beaucoup sa peinture. Il en tire des centaines de toiles qui poursuivent le mouvement littéraire orientaliste amorcé par les Romantiques en 1820. *Femmes d’Alger dans leurs appartements * Le Sultan du Maroc * Noce Juive au Maroc Eugène Delacroix meurt le 13 Août 1863 d’une laryngite tuberculeuse peu après avoir achevé la chapelle des Saints-Anges, (Héliodore chassé du temple, le combat de Jacob avec l’Ange un décor testament haut en couleurs lumineuses. Avec son journal rédigé de 1822 à 1863 il laisse en outre un témoignage majeur tant sur l’art que sur la vie sociale et politique de son époque.
Delacroix peint "la Liberté" entre octobre et décembre 1830 suite aux événements cités ci-après...
Le 27 Juillet 1830, Charles X instaure une série de lois limitant les libertés. La Révolution gronde et éclate à Paris. Les 27, 28 et 29 Juillet deviennent les Trois Glorieuses, journées de soulèvement populaire conduisant au renversement du roi. Ce dernier s’enfuit en Angleterre et ne verra pas l’instauration de la monarchie de Juillet, une monarchie constitutionnelle faisant du Duc d’Orléans non plus le Roi de France mais le Roi des Français. Delacroix écrit à son frère le 18 Octobre 1830 : "Si je n’ai pas vaincu pour ma patrie, au moins peindrai-je pour elle..."
La liberté C’est une fille du peuple, vivante et fougueuse, qui incarne la révolte et la victoire. Coiffée du bonnet phrygien, les mèches flottant sur la nuque, elle évoque la Révolution de 1789, les sans-culottes et la souveraineté du peuple. Le drapeau, symbole de lutte, faisant un avec son bras droit, se déploie en ondulant vers l’arrière, bleu, blanc, rouge.
Son habit jaune, dont la double ceinture flotte au vent, n’est pas sans rappeler les drapés antiques. La nudité l’associe aux victoires ailées. Femme exceptionnelle parmi les hommes, déterminée et noble, la tête tournée vers eux, elle les entraîne vers la victoire finale. Le corps profilé est éclairé à droite. Son flanc droit sombre se détache sur un panache de fumée. Appuyée sur son pied gauche nu qui dépasse de sa robe, le feu de l’action la transfigure.
L’allégorie est la vraie protagoniste du combat. Le fusil qu’elle tient à la main gauche, modèle 1816, la rend réelle, actuelle et moderne.
Les gamins de Paris Ils se sont engagés spontanément dans le combat. L’un d’entre eux, à gauche, agrippé aux pavés, les yeux dilatés, porte le bonnet de police des voltigeurs de la garde.
A droite, devant la Liberté, figure un garçon. Symbole de la jeunesse révoltée par l’injustice et du sacrifice pour les nobles causes, il évoque, avec son béret de velours noir d’étudiant, le personnage de Gavroche de V. Hugo. La giberne, trop grande, en bandoulière, les pistolets de cavalerie aux mains, il avance de face, le pied droit en avant, le bras levé, un cri de guerre à la bouche. Il exhorte au combat les insurgés.
L’homme au béret Il porte la cocarde blanche des monarchistes et le noeud de ruban rouge des libéraux. C’est un ouvrier avec une banderolle porte-sabre et un sabre des compagnies d’élite d’infanterie. L’habit, tablier et pantalon à pont, est celui d’un manufacturier. Le foulard qui retient son pistolet sur son ventre évoque le signe de ralliement de Charette et des Vendéens.
L’homme au chapeau haut de forme Est-ce un bourgeois ou un citadin à la mode ? Le pantalon large et la ceinture de flanelle rouge sont ceux d’un artisan. L’arme, tromblon à deux canons parallèles, est une arme de chasse.Certains verront en lui un autoportrait de Delacroix.
L’homme au foulard noué sur la tête Avec sa blouse bleue et sa ceinture de flanelle rouge de paysan, il est temporairement employé à Paris. Il saigne sur le pavé. Il se redresse à la vue de la Liberté. Le gilet bleu, l’écharpe rouge et sa chemise répondent aux couleurs du drapeau.
Les soldats Au premier plan, à gauche, le cadavre d’un homme dépouillé de son pantalon, les bras étendus et la tunique retroussée. C’est, avec la Liberté, la deuxième figure mythique, il rappelle le héros Hector de l’Iliade d’Homère.
A droite, sur le dos, le cadavre d’un suisse, en tenue de campagne : capote gris-bleu, décoration rouge au collet, guêtres blanches, chaussures basses, shako au sol. L’autre, la face contre terre, a l’épaulette blanche d’un cuirassier.
Le paysage Les tours de Notre-Dame situent l’action à Paris. Les barricades, symboles du combat, différencient les niveaux du premier plan à droite. La cathédrale paraît loin et petite par rapport aux figures. La lumière du soleil couchant se mêle à la fumée des canons. Révélant le mouvement baroque des corps, elle éclate au fond à droite et sert d’aura à la Liberté, au gamin et au drapeau.
L’action s’élève en pyramide, selon deux plans :
la base : Succession d’horizontales. Elles symbolisent le camp ennemi renversé, l’ancienne société mise à bas. Au dessus : Succession de verticales. Elles symbolisent la force, le mouvement, la victoire écrasante de la Liberté. Delacroix réunit ici accessoires et symboles, histoire et fiction, réalité et allégorie.
La couleur unifie le tableau. Les bleus, blancs et rouges se répètent en de nombreux points
De nos jours la femme au premier p^lan est toujours sujet au débat, même sur le net. Car en effet ce ne sont pas seulement ses seins nus ou ses aisselles poilues qui font scandale (ilsont toujkours représenté la mère nourricière,protectrice. Dans le contexte de cet oeuvre ils représentent aussi le révolte de la femme contre un système machiste, contre une religion qui veut tout controler, représententaussi la liberté et l’égalité des sexes ainsi que le rôlr important qu’ont joué les femmes pour la libération et la création de la République. N’oublions pas aussi que c’est la femme qui crée l’homme et que sans poule on n’a pas d’oeufs (ou le contraire).
"La Liberté guidant le Peuple" est une oeuvre romantique...Pourquoi ?
Le romantisme apparaît à la fin XVIIIe siècle en réaction contre le classicisme et la tradition académique. Delacroix est bien placé pour savoir ce qu’est la tradition académique et s’en démarque après ses études. Dans "La Liberté guidant le peuple" il présente une scène réelle qui n’est pas inspirée de l’antiquité, d’une quelconque légende divine ou d’une statue antique. C’est un fait divers qui eut réellement lieu, en écho à l’oeuvre engagée de Géricault, le radeau de la méduse. Les couleurs, la chair nue de l’allégorie et le groupe d’hommes et d’enfants ne sont ni de propres et beaux soldats en cuirasse et armure, ni des Dieux en Amour ni des angelots roses et pouponneux ni une scène de bataille antique comme avaient l’habitude de représenter les peintres classiques. Delacroix rompt ici totalement avec les traditions, ce qui lui vaudra d’ailleurs ne censure farouche. Surtout au début du XIXe siècle le romantisme fait triompher la spontanéité, la passion et la révolte partout où dominaient la froideur et la raison. Dans ce tableau D. exprime la cause d’un peuple qu’il fait sien. Il s’approprie les souffrances et la colère de cette France qui crie et exprime tout cela en couleurs, sur cinq mètres carré. Apres les espoirs de la Révolution française et face au matérialisme de la révolution industrielle, l’individu réclame sa part de rêve. Les romantiques font prévaloir la sensibilité individuelle dans un art libéré du passé (mais qui, paradoxalement, prend aussi comme source d’inspiration le Moyen-âge) exprimant les comportements et les idées de son temps. Jamais, avant le Romantisme, on aurait osé exprimer si clairement une idée que celle de Delacroix : il exprime ici clairement son" non" aux principes de son temps : Non a l’absence de liberté, non au conformisme, non a la monarchie, non a la violence de l’ordre. On peut aussi voir que les romantiques prônent l’exaltante liberté, un regain de spiritualité mais aussi le goût de la mort. L’oeuvre n’est que prétexte, le peintre se substitue au sujet pour exprimer sa propre âme, ses tourments, ses passions, ses combats. Grâce a cette allégorie Delacroix montre son amour de la liberté, du peuple français, des combats justes et mérités. On a l’impression qu’il a mis toute son âme au service de ce combat.
Pour mieux saisir ce qui distingue la Liberté du courant précédent : si ce tableau avait été classique la Liberté regarderait droit devant, elle serait plus centrée dans l’oeuvre, juchée sur un socle et non sur une pile de cadavres, et le drapeau qu’elle porte ne serait pas tronqué. Ce qui en ferait un tableau devant lequel on passerait sans s’arrêter. Le message qu’il porterait serait un "Vive la liberté" naïf et froid et non "Conquérissez votre liberté a n’importe quel prix, les femmes sont des combattants farouches, ne vous laissez jamais marcher sur les pieds par un roi de pacotille." plein de passion.
Dans le romantisme, le paysage apparaît comme le genre le plus propre a exprimer les sensations et les émotions dont la fugacité est traduite par, par exemple, l’aquarelle, technique légère et rapide fixant rapidement un état d’âme, un sentiment, si éphémère soit-il. Les romantiques cherchent dans la nature un miroir de leurs sentiments intimes. Le climat désolé d’une toile représentera par exemple la mélancolie de l’artiste comme dans "L’arbre aux corbeaux" ou Wanderer über dem Nebelmeer (ne me demandez pas de traduire)de Caspar David Friedrich ou encore Tempête de neige de William Turner, image du romantisme anglais. Le romantisme nous enseigne de ne plus voir dans une oeuvre que le fait mais aussi sa cause. Ne plus voir que l’homme noir au travail mais la critique de l’esclavage, ne plus voir qu’une femme nue mais l’éloge de la féminité, ne pas faire attention qu’aux vagues hurlantes mais au danger qui attend le marin, la tension que dégage le ciel gris et menaçant...
Ce courant esthétique est apparu en fin de XVIIIe et a vu sa passion retomber au XIXe siècle. On peut cependant dire que ce courant a été un courant esthétique majeur et qu’il continue à vivre de nos jours car jamais l’envie des peintres de montrer leur for intérieur ne disparaîtra.
Nous avons donc vu que par sa forme personnelle qui touche le spectateur au plus profond de son être que le Romantisme nous expose une façon de penser et de voir le monde différente : par les sentiments. En réponse à la froideur du classicisme. Grâce à beaucoup de grands peintres et à leurs oeuvres le milieu de la peinture a acquis une façon de penser peut-être pas complètement différente mais au moins quelque peu adoucie, décoincée de l’énorme balai qu’elle avait dans le bas des reins. De nos jours le romantisme s’exprime plus par une rose en coin de table ou dans une comédie sur écran mais l’expression des sentiments est toujours là, moins subtile mais encore en vie derrière les grands bunkers du rire gras...
Dictionnaire des Arts
Pierre Cabane
Les éditions de l’amateur
Ca m’intéresse
Mensuel
n°331 Septembre 2008
Article "La liberté guidant le peuple insurgé"
Manuela France
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Rubrique:
Histoire de l’art ( l’évolution des courants esthétiques du milieu du 19ème siècle au début du 20ème siècle)