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>>Journal de projet 7 : propaganda

26 novembre 2014
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La Cinémathèque de Toulouse a été fondée en 1964, elle a pour mission de conserver et de diffuser le patrimoine filmographique dont elle a la charge. C’est un lieu chargé d’Histoire au demeurant puisqu’il abrita le Ciné Espoir, lieu de culture des exilés espagnol et le siège du PSOE à Toulouse. La Cinémathèque de Toulouse, nous propose un choix de trois films d’actualités qui nous font passer de la zone non occupée en 1942 à la libération de Toulouse les 19-20 août 1944. La propagande est le fil conducteur de cette sélection. La première partie du programme concerne la visite de Georges Lamirand secrétaire général à la jeunesse sous le régime de Vichy. Ce dernier est notamment en charge des chantiers de jeunesse, une organisation qui remplace le service militaire et forme les jeunes hommes dans l’esprit de la Révolution nationale. Pendant, toute la durée de son ministère, il fait donc des visites dans les différents sites de la zone dite non occupée jusqu’à l’arrivée des troupes allemandes en novembre 1942. Dans ce film dont nous ne connaissons pas l’origine, il se déplace donc dans le sud-ouest du Pays Basque au Gers en passant par le Béarn. Ce film s’inscrit dans toute une lignée de productions qui, de la tournée de promotion du sport en Afrique du nord par le tennisman devenu secrétaire d’Etat, Jean Borotra aux visites de Pétain dans les organisations de jeunesse, véhicule une certaine vision de la France et de ses enfants. On y retrouve la nostalgie d’une France idéale essentiellement rurale et traditionnelle car "la terre, elle, ne ment pas" [Pétain]. La jeunesse est préparée à la discipline militaire. On lui inculque la valeur du travail et de l’effort. La seconde partie du programme est constituée par trois numéros de France-Actualités, c’est-à-dire les actualités filmées qui étaient diffusées dans les salles de cinéma. Ces films datent d’avril, mai, août 1944. La société Pathé-Gaumont associée à la Deutsche Wochenschau (approximativement la revue hebdomadaire allemande) donne la vision officielle de l’époque de la situation avant et après le débarquement. La répression de la résistance y est évoquée. Il faut comprendre que depuis 1942, c’est ce seul journal qui est diffusé sur l’ensemble du territoire sous le contrôle de l’occupant. Aussi est-il intéressant de s’interroger sur les sources des images utilisées dans ces actualités filmées. La propagande est en effet très subtile puisqu’elle mêle images filmées par l’ennemi et prises de vues des « opérateurs » sur place pour donner l’illusion de la neutralité du propos. Il faut également être attentifs à la façon dont le montage associe les images (effet d’accumulation, inserts symboliques, etc..) Ces films travaillent l’opinion en jouant sur l’émotion. La musique, les commentaires de la voix off renforcent le pathos. Dans la troisième et dernière partie du programme, on change de point de vue. On est du côté de la résistance. Le catalan Enrique Lluch et l’occitaniste Ismaël Girard, réalisent dès 1944 pour le compte du Front National, un groupe de résistance de sensibilité communiste, un film pour rendre compte de la libération de Toulouse en août 1944. Au-delà des archives, déjà s’amorce une construction de la mémoire de la seconde guerre mondiale. La reconstitution de certaines scènes et un cadrage judicieux permettent de donner l’image d’une résistance unie et d’un peuple toulousain rassemblé autour de ses libérateurs.

Article tiré du site : http://ubiwiki.free.fr
Rubrique:  La culture e[s]t le pouvoir