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>>Dora Schaull, femme résistante

22 mai 2012
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I - Biographie

Dora Schaul de son nom de jeune fille Davidsohn,

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est née le 21 Septembre 1913 à Berlin. Elle était juive et communiste allemande et travaillait dans une école de commerce à Essen, en Allemagne. Elle s’exila à Amsterdam puis, se réfugia en France en 1934 avec son compagnon qu’elle avait rencontré aux Pays-Bas, Alfred Benjamin qu’elle surnommait Benn. Après avoir exercé différents métiers, elle est touchée par les lois du gouvernement de Daladier, concernant les étrangers en novembre 1938. Dans ce contexte, Dora Schaul se déclare à la Préfecture de Paris pour ne pas être confondue avec d’éventuels ennemis nazis de la France. Elle est alors internée à la prison de la Roquette, le 18 octobre 1939 comme « ressortissante d’une puissance ennemie »et « étrangère indésirable ». Dora et Alfred Benjamin se marient. Alfred Benjamin est envoyé au camp du Vernet en Ariège. Dora est ensuite transférée au camp de Rieucros en Lozère. Ce camp accueillait les femmes étrangères, les antifascistes allemandes, ainsi que les républicaines espagnoles. Elle y restera internée jusqu’à la fermeture du camp en février 1942. Toutes les femmes du camp de Rieucros seront ensuite transférées au camp de Brens, dans le Tarn. Dora Schaul réussit à s’évader du camp de Brens le 14 juillet 1942. A peine un mois plus tard, les Allemandes et les Polonaises juives du camp étaient déportées. Elle arrive à Toulouse puis à Lyon environ un mois après son évasion et s’engage dans l’organisation de résistance, le TA (Travail allemand ou anti-allemand), réseau anti-nazi allemand en août 1941 ; elle rejoint la résistance française. Le Parti Communiste lui donnera de faux papiers et elle deviendra officiellement alsacienne. Alfred Benjamin, son mari, réussit à s’évader de Chaunac, en Charente- Maritime et gagne Lyon pour retrouver Dora Schaul, mais il est victime d’un accident mortel en allant en Suisse. Au printemps 1943, Dora Schaul se fait employer au sein de la Deutsche Feldpost (Poste Militaire allemande), sous le pseudonyme de Renée Fabre, un poste qui va lui permettre d’entrer directement dans la résistance française. Dora ne reverra jamais ses parents et sa sœur, restés à Essen en Allemagne, et qui seront déportés sans retour au camp de Majdanek, en Pologne. A la fin de la guerre, elle retourne en Allemagne et épouse Hans Schaul qui fut interné au camp de Djelfa en Algérie.

II - La vie dans les camps

1) Le quotidien

Dora Schaul a appartenu à une « famille » dans les baraques, au camp de Rieucros . Sa famille était la plus nombreuse. En général, les familles étaient composées de 6 à 10 personnes internées dans le camps. Les femmes partageaient tout ce qu’elles avaient et surveillaient leur chef de baraque, qui était l’une d’entre elles et qui devait partager équitablement la nourriture. Des bagarres éclataient, notamment à cause des jalousies créées par la faim. Le ravitaillement est rare et très difficile, les femmes sont donc victimes de famines. Les femmes ont droit à une soupe matin et soir, (soupe au choux, de rutabagas, d’oignons ou de topinambours). Le légume utilisé est le même pendant des mois. De plus, le froid dans les baraques était invivable. Elles disposaient de peu de couvertures, pas de charbon pour chauffer les baraques. Il y avait donc des vols de charbon durant les nuits dans les cuisines du camps. Elles coupaient des bouts de bois qui dépassaient en superflu de la structure, de la charpente de leur baraque, pour le faire brûler et ainsi se réchauffer. Les femmes doivent faire un maximum d’activités, pour éviter le désœuvrement et les formes de dépression qui peuvent en résulter. Elles organisent leur temps : elles font des travaux, elles tricotent, font des objets avec du raphia, fabriquent d’objets pour les vendre... La pire des choses auxquelles elles étaient confrontées, c’ était peut être l’incertitude : elles ne savaient pas si elles allaient rester indéfiniment ou pas dans ce camp. Elles pouvaient également être déportées vers des destinations encore plus inquiétantes. Ainsi à Rieucros, une commission franco-allemande a débarqué, le 06 août 1940. Le rôle de cette commission appelée également commission culte ( précisez la référence de cette appellation, à mon avis il s’agit plutôt de la commission Kundt) est de rechercher les étrangers susceptibles d’avoir des activités anti-fascistes. Cette commission a visité toutes les prisons et tous les camps de la zone sud de la France. Dora Schaul fait partie de ces dernières et reste donc au camp de concentration de Rieucros. Dans ce camp, elle se prend d’affection pour un enfant interné avec sa mère, Clara, une républicaine espagnole. Elle s’occupe de l’enfant. Cet enfant, c’est Michel del Castillo, le romancier. Dora écrit de longues lettres à Benn, illustrées de petites peintures à l’encre de Chine, ainsi elle témoigne des conditions de vie désastreuses. Toutes les femmes qui étaient concentrées dans le camp de Rieucros, ont été déplacées dans le camp de Brens, dans le Tarn, pour cause d’insalubrité du camp de Rieucros.

2) L’évasion

Brens se situe dans la plaine tarnaise, à proximité de plusieurs gares, ce qui rendait une évasion plus envisageable. Mais la sortie du camp restait difficile, car il était entouré d’une palissade de 3 mètres de hauteur. Le seul endroit pour sortir, était le lieu le moins défendu : la façade, ou le camps tombé en pic sur le Tarn, mais l’évasion était très dangereuse. Ainsi, durant plusieurs semaines, quelques prisonnières (dont Dora Schaul) discutent des modalités d’évasion. Elles envisagent deux solutions. La première consiste à corrompre un surveillant, mais elles n’ont pas assez d’argent pour faire cela. La seconde repose sur un moment d’inattention des gardiens. Il permettrait de couper les fils barbelés, de faire un trou et de passer dessous. Mais pour faire tout cela, il leur faut beaucoup de temps. Sinon, il faut monter sur les barbelés avec des gants et sauter de l’autre côté. S’ajoute à cela une difficulté, elles ne savent pas ce qui se trouve derrière, elle savent seulement, qu’il y a une rivière, mais elles ignorent la hauteur du surplomb sur le Tarn. Les femmes décident alors d’envisager la deuxième décision et de la mettre à exécution. Elles s’évadent le 14 juillet, profitant du relâchement des gardiens qui célèbrent la fête nationale. Elles descendent la pente en arrière avec seulement un sac. Lorsqu’elles arrivent au niveau du Tarn, elles se retrouvent enfoncées dans la boue jusqu’aux genoux, mais elles réussissent à s’enfuir et échappent de peu à la déportation. Dora Schaul marche à pieds jusqu’à l’Ile sur Tarn. Ainsi, elle arrive à la gare, mais le train qu’elle souhaitait prendre est déjà parti. Elle attend et prend alors le second train avec une grande peur.

III - La résistance et les risques encourus

1) La propagande

Dora Schaul et ses amis tel que Emil Miltenberger possédaient de faux papiers et faisaient partie de la résistance.

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Ceux-ci devaient faire preuve de beaucoup d’imagination, afin d’informer le plus possible les citoyens sur l’avancée réelle de la Guerre, mais également pour connaître les stratégies de l’armée allemande : - Ils leur arrivaient d’écrire sur des morceaux de papier des insultes contre les nazis et de les coller dans toute la ville. Ils pouvaient y écrire par exemple « Soldats allemands que faites vous en France ? » - Les résistants étaient parfois affectés à des groupes de diffusions qui répandaient des affichettes et des journaux de soldats dans la ville qui s’appuyaient sur des émissions de radio sur l’humanité clandestine et appelaient les citoyens à s’engager dans la résistance. - Devant les boîtes de nuit, les résistants distribuaient des tracts présentés comme étant des programmes. - Ils distribuaient également des journaux clandestins en les glissant dans les volets des hôtels ou encore en les lançant dans les tramways. - Aussi, Dora Schaul explique qu’une fois, le chef de la résistance lui a demandé de savoir ce que pensaient les Allemands de la guerre et de l’issue qu’elle prendrait mais également de recueillir des informations plus précises. Pour cela, elle fit semblant avec un amie également résistante d’accoster des soldats et de leur demander d’un air naïf si ils pensaient que la guerre se terminerai bientôt. En fonction de la réponse, elles savaient s’il fallait ou non continuer la discussion.

2) L’infiltration dans le monde allemand

Dora Schaul a aussi été infiltrée dans foyer de soldats. Cela lui a permis d’avoir de quoi manger car à cette époque avec les rationnements, il

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était difficile de trouver quelque chose à manger. Tout se passe bien pour Dora Schaul car, comme elle parle allemand, cela lui permet de bien comprendre les conversations des clients. Parfois, elle leur sert d’interprète pour des affaires de marchés noirs de grande envergure. Ce travail est donc très intéressant pour la résistance. Cependant, cela est assez difficile pour Dora Schaul, car elle doit faire attention à tout pour ne pas être soupçonnée de posséder de faux papiers ou encore d’être dans la résistance. Mais, quand on lui pose des questions sur ses parents, le doute est présent sur sa situation. Dora Schaul est donc contrainte de quitter le foyer de soldats. Après cette démission, Dora Schaul décida à nouveau de changer d’identité, elle s’appela désormais Renée Fabre. Elle postula pour travailler à la poste Allemande installée dans une aile de l’École de Santé militaire à Lyon, et fut reçue par un remplaçant du patron qui l’embaucha aussitôt. Celui-ci était content, car sa présence voulait dire qu’un homme pourrait être envoyé au front. (précisez : j’imagine que cela signifie que l’un des employés déjà en place pouvait du coup être envoyé au front) Dans son nouveau travail, avec deux collègues françaises, elle envoyait de l’argent aux différentes unités. Son travail lui permettait d’avoir accès aux adresses de la Wehrmacht. Son supérieur temporaire la prit pour une collaboratrice, mais lorsque le patron revint, il se méfia assez d’elle, notamment à cause de sa facilité à parler allemand. Dans ses faux papiers, le fait qu’elle ait une mère suisse et qu’elle ai habité à Zurich ne semblait pas convaincre son supérieur. Du fait de cette incertitude, son patron ne lui donna pas plus de responsabilité, il ne voulait pas prendre de risques. Un jour, elle comprit qu’en fait, les casiers, mandats et codes postal qu’elle avait sous les yeux correspondaient aux déplacements des troupes allemandes dans le sud de la France. Ce fût un grand pas pour son réseau de résistance. Le risque pour Dora Schaul de se faire découvrir grandit lorsque la Gestapo emménagea dans le même bâtiment où celle-ci travaillait. Elle possédait un laissez-passer pour pouvoir aller travailler. Elle se retrouva alors avec une croix gammée associée à son nom. Elle resta à son poste et apprit au fur et à mesure du temps, les noms des officiers allemands qui opéraient dans le sud, elle fit alors une liste qu’elle transmit à ses camarades résistants. L’un des sous-officiers lui proposa de rentrer dans la Gestapo, mais son réseau lui préconisa de refuser. Si elle avait accepté le poste, cela aurait été trop dangereux car des recherches auraient été faites sur chaque employé or, Dora Schaul disposait de faux papiers, cela aurait donc été prendre trop de risques. Sa liste appelée « liste noire », composée des noms des membres de la Gestapo et de la sécurité du Sud de la France fût transmise au parti français puis, aux Gaullistes. Il fût décidé pour Dora Schaul d’arrêter son travail à la poste. Elle n’était donc plus en contact avec les allemands. Son dernier travail avant la libération fût de transcrire des émissions radio. Une fois que Dora Schaul fut reconnue officiellement dans la résistance et non dans la collaboration, elle fêta la libération de la France avec comme elle le dit : la « population française ».


 

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