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>>III L’évolution du rapport entre activités agricoles et paysage rural

24 mai 2008
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A/Les transformations actuelles des paysages agraires de Midi-Pyrénées.

La tendance à la spécialisation

Cette tendance observée dans les exploitations semble si l’on en croit les résultats de l’INSEE et du recensement agricole se traduire par la constitution de zones géographiques spécialisées. Dans ces secteurs, le risque est de voir le paysage s’uniformiser par la généralisation de cultures et la diffusion de pratiques spécifiques. Les paysages se couvrent alors des mêmes cultures, des mêmes types de bâtiments agricoles.

Les conséquences de l’intensification de l’agriculture

L’intensification des pratiques agricoles n’est pas sans avoir quelques répercussions sur l’environnement. Les apports en nitrates et en phosphates en particulier, sont à l’origine d’un processus d’eutrophisation dans un certain nombre de rivières de la région. Les algues prospèrent dans une eau riche en nutriments et s’accumulent à la surface où elles limitent le passage de la lumière. Leur décomposition favorise le développement de bactéries aérobies, grandes consommatrices en oxygène. Celles-ci asphyxient le milieu, le rendant impropre au développement d’autres formes de vie aquatique. Dans le domaine de la préparation des sols, certaines pratiques comme le labour dans le sens de la pente ont pour effet de provoquer une érosion accélérée et forte. Les rivières se chargent alors des particules issues de ce travail mécanique. La turbidité de l’eau augmente.

La promotion des pratiques agro-environnementales.

Dans les zones de grandes cultures, la nouvelle politique agricole commune (PAC) incite les agriculteurs à mettre en place des bandes enherbées et des haies aux abords des cours d’eau. Ces pratiques ont l’avantage de limiter l’érosion des terres cultivables en ralentissant le ruissellement de l’eau. Elles jouent aussi le rôle de filtres en limitant les transferts d’eaux chargées d’engrais ou de pesticides. Une bande enherbée d’au moins 6 mètres correctement conçue intercepterait 85 % des produits phytosanitaires. Les haies ont pour autre avantage de protéger les cultures du vent, d’abriter une faune riche et de valoriser un paysage traditionnel de bocage. Pour percevoir les aides de la PAC, les bandes doivent représenter 3 % des surfaces cultivées lorsqu’il s’agit de céréales ou d’oléoprotéagineux. La largeur des bandes enherbées doit être comprise entre 5 et 10 mètres. Dans le Gers, des associations comme Arbre et Paysage n’ont pas attendu la nouvelle PAC pour promouvoir ces pratiques. C’est ainsi que 800 Km de haies ont été replantés en 20 ans.

B/ Des signes de recul de l’agriculture dans le paysage.

La déprise agricole

La baisse de la population agricole peut se traduire par endroits par une progression des broussailles, des friches, des landes des forêts. Le phénomène n’est pas nouveau. La diminution continue des actifs agricoles depuis l’après guerre a favorisé la déprise agricole. Elle se poursuit aujourd’hui. Dans la région, entre 2005 et 2006, la surface du territoire agricole non cultivé a augmenté de 1,3%. Les surfaces boisées ont, elles, augmenté de 2 %. La déprise est à l’œuvre dans les Causses, en Ariège et dans les Hautes-Pyrénées. Attention cependant, le phénomène ne caractérise pas l’ensemble de la région. Ailleurs, la baisse du nombre d’exploitations est allée de pair avec une augmentation de la taille moyenne des exploitations. Cela oblige donc à corriger l’image d’un paysage modifié par la déprise agricole à l’issue d’une diminution du nombre d’exploitants. Toutes les terres ne sont pas abandonnées loin de là. Le changement de propriétaire se traduit par une modification du cadastre mais pas forcément de la vocation des parcelles.

Lorsqu’elle se manifeste, la déprise agricole peut provoquer une « fermeture du paysage ». La forêt et les friches s’étendent. Le phénomène est observable en Ariège ou dans des bassins des Hautes-pyrénées comme Luz-Saint-Sauveur ou Argelès -Gazost. On trouve là, par endroits, des paysages de moins en moins maîtrisés qui se dégradent et se couvrent de broussailles ou de plantations forestières de résineux. On peut dans certains cas, éventuellement parler de renaturalisation des paysages. A une plus grande échelle encore, la réduction de l’activité agricole peut se traduire par la multiplication de peupleraies qui « barrent » parfois les paysages de la vallées de la Garonne et de ses affluents.

L’artificialisation des paysages.

Dans la périphérie des agglomérations et le long des grands axes, on assiste à des processus d’artificialisation des paysages. Avec l’urbanisation et le développement des transports, les constructions et les infrastructures se multiplient. Parmi les bassins de vie ruraux où les surfaces destinées à l’agriculture régressent rapidement, on peut citer ceux de Fronton (- 30 %), de Venerque ( - 17 %), de Carbonne (- 16 %). Ensuite, dans les bassins de vie les plus foncièrement ruraux et souvent montagneux, on assiste à une baisse des superficies agricoles mises en valeur à cause d’un déclin de l’activité.

L’évolution des orientations économiques des bassins de vie ruraux.

L’économie résidentielle l’emporte désormais dans les bassins de vie ruraux de Midi-Pyrénées. Les emplois destinés à satisfaire les besoins de la population locale (économie résidentielle) représentent désormais plus de 56,5 % des emplois dans les bassins de vie ruraux. Les activités agri-alimentaire ( agricultures, industries agricoles et alimentaires) ne représentent plus que 18 % des emplois. Il reste cependant encore des bassins dont la vocation agricole reste dominante en particulier dans l’Aveyron et le Gers.

D’une manière générale, les campagnes deviennent des espaces résidentiels ou récréatifs. Des résidences principales ou secondaires sont restaurées ou bâties provoquant parfois un mitage des campagnes par un nouvel habitat pavillonnaire. Désormais, les usages comme la randonnée, la chasse, et différentes cueillettes ( champignons, asperges sauvages) distinguent de moins en moins les ruraux des citadins de passage ou nouvellement établis. Cela n’empêche pas cependant le développement des conflits d’usages. Des querelles plus ou moins folkloriques opposent parfois des résidents en quête de tranquillité à des exploitants agricoles dont les activités génèrent des nuisances sonores et olfactives. Les bois et les landes deviennent, lorsque la chasse est ouverte, des espaces potentiellement dangereux pour les promeneurs ou les cueilleurs de champignons. La vocation touristique se développe également dans le rural, en particulier dans les Pyrénées ou aux abords des sites au patrimoine naturel ou architectural remarquable.

C/L’agriculture reste cependant importante dans le paysage rural de Midi-Pyrénées.

S’il est vrai que dans certains secteurs de la région, la place de l’activité agricole dans le paysage rural recule, le phénomène ne concerne pas tout Midi-pyrénées. On constate que pour différentes raisons, la vocation des espaces ruraux à beau changer, l’agriculture reste importante dans la valorisation et la protection de différents paysages.

Le référentiel de la DATAR de 2003 notait que l’activité agricole couvrait encore 52% du territoire. Cela donne une idée de son importance dans les paysages de la région. Par ailleurs, dans les espaces gagnés par la périurbanisation, l’activité agricole permet de valoriser le foncier. Dans les zones périurbaines, elle contribue à « vendre » un paysage attractif. C’est l’une des raisons pour lesquelles Jean-Paul Diry considère que ces campagnes d’Europe proches des villes restent rurales.

Deuxièmement, depuis la deuxième moitié des années 70, s’est développée l’idée selon laquelle l’agriculture pouvait avoir vocation à entretenir le paysage. La gestion du paysage dans le cadre d’un développement rural est l’un des piliers de la nouvelle PAC. Dans les montagnes de Midi-Pyrénées, une partie de l’élevage subsiste grâce aux subventions versées dans cette logique. Un certain nombre de zones, en particulier en Haute-Garonne et en Ariège bénéficient pour cela de primes herbagères agro-environnementales (PHAE) anciennes primes au maintien d’un système d’élevage extensif (PMSEE). Il est vrai que les pratiques pastorales contribuent à empêcher la fermeture du paysage. Des conflits peuvent cependant apparaître lorsque des pratiques agricoles cohabitent avec des programmes environnementaux.

Même si elle est plus anecdotique, la pratique des jachères fleuries est révélatrice de l’évolution de la place de l’agriculture dans les usages et les paysages ruraux. C’est l’un des aspects de la politique des jachères « environnement et faune sauvage ». Sous l’égide des préfets et des chambres d’agricultures, les agriculteurs s’engagent à semer des fleurs et/ou des plantes destinées à l’abri et au développement de certaines espèces chassées. Ces jachères permettent de respecter les obligations de mesures agro-environnementales. Elles pourraient être remises en cause par la demande croissante en céréales. Dans ce contexte en effet, la politique de gel des terres perd de sa pertinence. La commission européenne maintient cependant l’obligation de détenir une proportion de surface en couvert environnemental dans le cadre de la PAC.

Auteur : Nérée Manuel


 

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