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>>I Les paysages agraires de Midi-Pyrénées : un double héritage.

24 mai 2008
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Un paysage agraire est, tel qu’il est perçu, le résultat d’un ensemble complexe d’interactions associant dans un espace donné des éléments naturels, des modes de production agricole et des aménagements associés.

Schéma

(BMP)

Dans la vaste région de Midi-Pyrénées, les éléments entrant en jeu dans la définition des paysages sont nombreux et varient d’un territoire à l’autre. Il en résulte une mosaïque de paysages compartimentés. Ainsi dans les zones de montagne, en dépit des progrès techniques, l’altitude et les conditions orographiques se sont longtemps révélées déterminantes. Elles ont limité la mécanisation et la mise en œuvre de productions agricoles intensives. Aujourd’hui encore, en dépit des progrès des techniques agricoles, on observe en montagne que les contraintes physiques génèrent des coûts de production supérieurs. Les hautes montagnes des Pyrénées ont donc longtemps été valorisées par une agriculture essentiellement pastorale. Le paysage y est marqué par l’étagement (fonds des vallées, zones intermédiaires et estives) et par la distinction entre adret ( soulanes exposées au soleil) /ubac ( envers ombragés). L’étagement des activités s’observe également sur les hauts plateaux de l’Aubrac.

Dans le nord de la région, au sud du Massif Central, les Causses sont caractérisés par des sols minces et perméables. Cela n’a pas empêché une exploitation agricole forte dont témoignent aujourd’hui encore les murettes de pierres, les tas d’empierrement et les cazelles, ces petites cabanes en pierre sèche du Quercy. Cependant à l’exception des fonds de dolines, ces dépressions karstiques prisées par les agriculteurs pour leurs sols fertiles, les plateaux sont devenus pour l’essentiel des pâturages (devèzes) destinés à l’élevage ovin, caprin et dans une moindre mesure bovin.

Il ne faudrait cependant pas faire de déterminisme. L’histoire des paysages agraires de Midi-Pyrénées démontre que l’action de l’homme permet de surmonter certaines contraintes naturelles. Joan BOUDOU dans la nouvelle Lo pan de froment, raconte comment dans le Ségala les sols ont été améliorés par le chaulage. L’extension du chemin de fer et l’ouverture du viaduc du Viaur en particulier, ont permis de grands progrès dans ce domaine. Le plateau jusque là délaissé s’est transformé et a donné naissance à un bocage à large maille. Les cultures et l’habitat ont donc cessé d’être concentrés exclusivement dans les vallées.

D’une manière plus générale, la polyculture a longtemps caractérisé l’agriculture de Midi-pyrénées. Aujourd’hui encore de nombreuses exploitations associent plusieurs productions dans un système de culture plus ou moins complexe où dominent les céréales, les productions animales ou encore la vigne. Cette caractéristique s’observe dans les paysages. Les champs dédiés à des productions différentes forment en effet des mosaïques dont la combinaison des couleurs change avec les saisons. C’est le cas en particulier dans le pays du Dadou, dans le Magnoac, le Comminges, le Limargue, les coteaux de l’Ariège ( Terrefort, pays de Mirepoix).

Ailleurs en Midi-Pyrénées, le développement des transports a permis d’élargir le marché des productions régionales. On a assisté à un certain nombre de spécialisations agricoles. Ce fut le cas notamment dans les grandes plaines et vallées de la région. Dans ces zones ont été développées l’arboriculture fruitière ( vergers des vallées du Tarn et de la Garonne) ou bien les cultures maraîchères ( sous serre ou de plein champs). On y a vu s’y étendre également les cultures céréalières ou oléagineuses ainsi que leurs paysages de champs ouverts plus ou moins barrés (openfields). Cela concerne la basse vallée de l’Ariège, le Savès dans le Gers, la Lomagne, et les Terreforts en Haute-Garonne. Dans les régions marquées traditionnellement par le bocage, le processus de spécialisation fut accompagné à partir des années 50 d’une politique de remembrement. L’ouverture du paysage qui en a résulté est observable dans le Savès gersois, dans une partie de la Lomagne ou dans le Lauraguais. C’est ainsi, par exemple, qu’en trente ans, le département du Gers a perdu entre 15 et 18 000 Km de haies. Parmi les aménagements qui ont eu un impact sur le paysage agraire de la région, il faut citer également les réalisations hydrauliques destinées à satisfaire les besoins de l’agriculture irriguée. De nombreux réservoirs et des canaux ont été aménagés en Midi-Pyrénées. On peut citer le plan d’eau de Montbel dans l’Ariège ou l’ensemble des réalisations de la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne dans le Gers, les Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne et le Tarn-et-Garonne. Il convient de mentionner également la multiplication de lacs collinaires. Dans le Gers, ces retenues d’eau permettraient de stocker plus de 45 millions de m3 d’eau.

La mosaïque des paysages agraires de Midi-Pyrénées

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(JPG) Paysages agraires des hautes montagnes. Ils sont marqués par l’étagement et par l’opposition ente adret et ubac. Les conditions d’exploitation limitent les pratiques agricoles. Les estives permettent l’existence d’un pastoralisme le plus souvent ovin dans une logique extensive. Le forêt est également très présente et tend à s’étendre.

(JPG) Paysages agraires de moyenne montagne. C’est le domaine des prairies et de l’élevage. Ces moyennes montagnes sont également des espaces très boisés.

(JPG) Autres espaces très boisés.

(JPG) Paysages agraires des Causses. A l’exception de certaines dépressions consacrées aux cultures, les plateaux sont pour l’essentiel des espaces de pâturage pour l’élevage ovin. Ils peuvent cependant par endroits, être très boisés comme dans le Haut-Quercy

(JPG) Paysages agraires des régions de collines et de coteaux de Midi Pyrénées. Les champs de céréales ou d’oléagineux côtoient les prairies artificielles destinées à l’élevage bovin. Ca et là, des bâtiments d’exploitation témoignent de la présence d’élevages porcins ou avicoles. C’est le domaine du bocage, des coteaux ou des gorges boisés.

(JPG) Paysages agraires des vignobles de Midi-Pyrénées. Dans ces zones, il est rare que la vigne occupe l’ensemble des surfaces. Elle rythme cependant le paysage de ses rangées et de ses changements de couleurs saisonniers.

(JPG) Paysages agraires des zones de spécialisations arboricoles et maraîchères. Le paysage est marqué par les vergers, et les productions de légumes en plein champs ou sous serres.

(JPG) Paysages agraires des zones de grandes cultures. C’est le domaine des cultures industrielles souvent irriguées. Les conséquences du remembrement et de l’intensification de la production s’y observent. Ces paysages caractérisent les grandes vallées mais aussi les régions où le modelé des collines ne constitue pas un obstacle majeur à la mécanisation.

Conclusion : Il n’y a quasiment plus en Midi-Pyrénées de paysages naturels. Les paysages agraires de Midi-Pyrénées sont des paysages hérités. Ils témoignent du travail des hommes, de leur adaptation aux contraintes naturelles mais aussi à celles des différents marchés. Les transformations actuelles des paysages agraires reflètent-elles toutes les mutations en cours dans l’agriculture de la région ?

Auteur : Nérée Manuel


 

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